Presse10Dans « Un temps de Pauchon », le reporter et comédien pose un regard sensible sur ses concitoyens.

ll est très grand. Alors souvent, il se penche pour mieux entendre les hommes et les femmes à qui il tend son micro pour «Un temps de Pauchon », l’émission de reportarge qu’il présente du lundi au jeudi à 10 h 50 sur France Inter. Spontanément, il enclenche une discussion, pose des questions simples, parfois naïves, comme on en pose dans la vie, et comme on en entend rarement dans les médias. Hervé Pauchon, 50 ans, ne fronce pas les sourcils en prenant un air concentré quand il s’adresse aux gens, il ne force pas non plus son sourire. Il s’ouvre, semble souvent aussi surpris que ceux qu’il interroge, les découvrant avec bienveillance. «le ne coupe jamais Ie micro, j’enregistre tout le temps, car ce que je veux c’est la vie », explique-t-il ce matin-là, après avoir passé deux heures à déambuler sous le chapiteau de la manifestation. « L’avocat dans la cité » organisée sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris. Il est allé à la rencontre des citoyens qui venaient consulter gratuitement un avocat pour des questions sur le travail, la famille ou encore la fiscalité. Grâce à un malentendu comique, Bertrand Delanoë, le maire de Paris, a foncé vers son micro, avant même que le joumaliste manifeste la volonté de lui parler ! Hervé Pauchon gardera sans doute quelques bribes de cet entretien impromptu.

QUAND LE CŒUR ET LES TRIPES PARLENT

Mais c’est surtout sa rencontre avec Shana, une jeune mère rieuse mais préoccupée par son divorce; sa discussion avec Augustine, une dame secouée par la vie et remontée comme un coucou contre le système; ou encore son échange avec Louis, un colosse fragile et un peu étrange qu’il retiendra pour son émission.«Les institutionnels sont rarement les meilleurs clients, ils ont cette espèce de langage calibré… Ce qui m’intéresse ce sont des situations, quand le coeur et les tripes parlent, parce qu’il y a toujours quelque chose à garder des moments qui semblent à côté du sujet. C’est ça que l’on entend pas d’habitude et qui m’intéresse », précise le journaliste, entré à Radio France en 1997 après avoir remporté le concours des«enfants d’Inter»

Comédien de formation, Hervé Pauchon a joué dans des films de Jean-Pierre Mocky ou encore de Costa-Gavras parallèlement à sa carrière de reporter. Depuis 2007, son émission est diffusée en clôture du« service public» de Guillaume Erner. Six minutes de reportages à forte dimension citoyenne. Un format court et maîtrisé. Les auditeurs l’ont bien identifié. Sous le chapiteau du parvis de l’hôtel de ville plusieurs personnes sont venues vers lui en l’appelant par son nom, simplement pour le féliciter, l’encourager… Pas désagréable.«Je pense qu’il y a vraiment une identification. J’ai un micro France Inter, mais je suis comme les gens, je pose les mêmes questions que. Je me sérieux via mon je t’ai pas l’administration, comme eux, sauf que je le fais entendre à la radio», ajoute-t-il. Ça paraît simple, mais il faut un talent et une humilité rare pour faire ça de cette façon.

Le Monde - Elena Delye